Sean Scully — Galerie Lelong •••
« Sean Scully — Doric », Galerie Lelong & Co du 15 mai au 11 juillet 2014.
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Réalisées entre 2008 et 2014, les peintures monumentales
Doric constituent certainement l’une des séries les plus emblématiques de Sean Scully. Leur accrochage à la galerie Lelong permet de les appréhender dans un rapport de proximité exceptionnel, découvrant une certaine intimité malgré leur grande dimension (environ 4m x 2,8 m) et révélant, en laissant filtrer la lumière du jour au cœur de l’espace, leur fantastique pouvoir de rayonnement. Hommage à la sobriété essentielle de l’ordre dorique, la série
Doric de Sean Scully fait revivre la majesté évidente des temples grecs, de leurs colonnes caractéristiques, dépouillées de tout ornement mais portant en elles une beauté paradoxale ; ces odes à la verticalité, à l’élévation, sont parcourues de lignes horizontales comme autant de veines d’une chair minérale que seul l’empilement permet d’ériger. De ces trésors du patrimoine, Sean Scully dévoile, dans ses compositions picturales, la tension essentielle, jouant à son tour avec ces lignes, leurs pleins et les vides qu’elles dévoilent. G.B.
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Sean Scully, Doric Angel, 2011 Huile sur aluminium — 280 × 406 cm (Détail)
Courtesy de l’artiste & galerie Lelong, Paris
À l’envers, à l’endroit… — Centre photographique d’Île-de-France •••
« À l’envers, à l’endroit… », CPIF — Centre photographique d’Ile-de-France du 7 mai au 13 juillet 2014.
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À l’envers, à l’endroit est une de ces expositions thématiques et collectives dont la réception nécessiterait un long et a fortiori passionnant travail de recherches pour en déplier tous les enjeux théoriques. L’exposition, visible au
CPIF de Pontault-Combault jusqu’au 13 juillet, a pour point de départ la troisième dimension de l’image, tant réelle que symbolique. C’est que l’évidence est telle qu’elle pourrait être oubliée : l’image photographique a une face et donc un revers, un cadre et donc un hors champ, et l’ensemble est signifiant. De fait, c’est l’épicentre d’une telle étendue des possibles conceptuels et plastiques, qu’il semble difficile d’épuiser en une visite le panorama des différents liens de ressemblances ou de dissonances qui se tissent entre les œuvres des quinze artistes invités. Car, et c’est là richesse plutôt que faiblesse, le propos de l’exposition est pluriel et ses limites sont généreuses. Menée au risque d’égarer le visiteur par de trop nombreuses problématiques, cette ouverture du sujet a au final la force de laisser l’espace de la complexité à chacune des œuvres présentées. M.C.
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Vue de l’exposition « À l’envers, à l’endroit… » au CPIF, 2014 (Détail)
Photo : Aurélien Mole
Françoise Huguier — Maison européenne de la photographie •••
« Françoise Huguier — Pinçe-moi, je rêve », MEP, Maison européenne de la photographie du 4 juin au 31 août 2014.
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Françoise Huguier aura tout fait, tout entrepris. De la mode au reportage, guidée par un même sens de l’anthropologie ou plus simplement d’une curiosité dévorante des territoires qu’elle ne connaît pas et des hommes qui les habitent. La Maison Européenne de la Photographie expose à cet égard les liens tissés avec
Libération en confiant la rédaction de tous les cartels à Gérard Lefort, grande plume du quotidien qui rend toute la fougue, la fraîcheur et la sagacité de la photographe. Même lorsqu’elle photographie des nonnes (magnifique petite salle dans laquelle a été déposée un prie-dieu en son milieu), Huguier désacralise le réel. L.C.-L.
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Françoise Huguier, Pêcherie, Noviport, presqu’île de Iamal, Sibérie, 1992 (Détail)
© Françoise Huguier / Agence VU’
Fabien Boitard — Galerie Derouillon •••
« Fabien Boitard — La Lumière est verte », Galerie Derouillon du 28 mai au 26 juillet 2014.
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Fabien Boitard nous aura prévenus. En apposant des grilles en couches épaisses de peinture noire de jais sur l’une de ses toiles, il acte par ce geste un droit d’entrée dans son monde. « No trespassing » semblent d’abord crier les toiles de Fabien Boitard. Comme dans
Citizen Kane. Il faudra alors faire effraction par le regard. Insister pour mieux voir. Un simple coup d’œil, du reste ne suffira pas à détecter et lire le monceau de références logées aux quatre coins de chaque toile. Mais une fois arrimés, les yeux auront du mal à se défaire des fantasmes à la palette criarde et volontiers outrée de Boitard. L.C.-L.
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Fabien Boitard, La battue, 2014 (Détail)
Courtesy of the artist & Galerie Derouillon, Paris
Thomas Hirschhorn — Palais de Tokyo •••
« L’état du ciel — Deuxième partie », Palais de Tokyo du 25 avril au 7 septembre 2014.
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La proposition de l’artiste repense la question de l’installation sans imposer de didactisme ou théorisation ; les montagnes de pneus qui limitent l’espace se dressent à la manière d’une barricade molle, d’une frontière plastique qui aurait proliféré au sein du Palais de Tokyo, dessinant les contours d’un espace de résistance où la création retrouve sa dimension participative, festive et engagée. Libre d’accès, pleine d’outils divers, cette installation, voire même cette invasion de Thomas Hirschhorn ramène le Palais de Tokyo au cœur de ses plus beaux objectifs ; une ouverture à tous les publics des moyens artistiques de penser notre société. G.B.
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Vue de l’exposition de Thomas Hirschhorn « Flamme éternelle », dans le cadre de la saison L’Etat du Ciel (25.04.14 — 23.06.14), Palais de Tokyo (Détail)
© Adagp, Paris 2014 — Photo : André Morin
Mémoires vives — Fondation Cartier ••
« La Fondation Cartier — 30 ans de mécénat libre et généreux », Fondation Cartier pour l’art contemporain du 10 mai au 21 septembre 2014.
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Si l’on pouvait craindre d’un tel événement un commissariat en demi-teinte, les rapports entre les artistes présentés étant assez ténus et l’ambition plus proche de l’auto-célébration que de la remise en question, ce premier accrochage d’une exposition dont les œuvres vont être remplacées tout au long de l’année révèle de très belles surprises. Si l’on regrette que cet anniversaire n’offre pas l’occasion d’une réflexion plus complète sur la vie de la fondation Cartier, la remise en question d’une spécificité qui a fait d’elle l’objet de critiques comme de louanges et installé au premier rang des institutions parisiennes, ce dessin en creux d’une collection aussi peu conventionnelle que pointue et, en tout état de fait, singulière, mérite largement de relancer les débats et lui redonne, d’une façon inattendue, le souffle qu’elle mérite. G.B.
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Cai Guo-Qiang, The Earth Has a Black Hole, Too, 1993, poudre à canon sur papier, 304 x 406 cm, collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris (acq. 1997) (Détail)
DeWain Valentine — Galerie Almine Rech •••
« DeWain Valentine », Galerie Almine Rech du 26 avril au 7 juin 2014.
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Chez DeWain Valentine, les œuvres sont des prismes qui rappellent combien les phénomènes de la nature échappent à l’œil humain. Son travail n’est d’ailleurs pas sans rappeler les avancées scientifiques de Newton au XVIIIème siècle menées au travers des prismes optiques, ces blocs de verre qui permettaient d’étudier la façon dont la lumière se réfléchissait, se dispersait ou se réfractait. Dans ce parcours, le regard sera lui aussi affolé, à l’affût de transparence et de vision pure, là où il ne trouvera parfois que duplicité et même impossibilité de percer la matière. L.C.-L.
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DeWain Valentine, Double Disk, 1966 (Détail)
© DeWain Valentine — Photo : Rebecca Fanuele — Courtesy de l’artiste et Almine Rech Gallery, Paris / Bruxelles
Wang Bing — Galerie Paris-Beijing •••
« Wang Bing — Father and sons », Galerie Paris-Beijing du 29 avril au 7 juin 2014.
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Le regard du photographe s’il est profondément humaniste, en ce qu’il rend compte du quotidien, intègre une dimension vivante que le courant né dans les années 30 n’avait pas. Jamais figés, les hommes des séries montrées, ont une vie qui les attend et qui continue au moment même où Wang Bing les photographie. Aussi, ce matériau vif, au présent, ne cède-t-il jamais de terrain au misérabilisme mais jette au regard la question de la misère sociale et de la justice redistributive des richesses. Sublime autant que désemparant. L.C.-L.
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Wang Bing, #8, 2014 (Détail)
Courtesy de l’artiste et galerie Paris-Beijing
Harry Gruyaert — Galerie Cinema •••
« Harry Gruyaert — Hommage à Antonioni — Variations sous influence », Galerie cinema du 12 avril au 14 juin 2014.
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Pour ce parcours, intime, délicat et lumineux, le membre de l’agence Magnum (depuis 1981), montre à la fois sa vidéo
Variations sous influence — extraits de films d’Antonioni mêlés à ses photographies personnelles, qui avait fait grand bruit lors de l’exposition
L’image d’après à la Cinémathèque Française — ainsi qu’un large choix de photographies en couleur dont l’univers rappelle autant le néo-réalisme italien que les images de William Eggleston. Après les pionniers Joël Meyerowitz et William Eggleston, Harry Gruyaert a été le premier à pousser loin toutes les possibilités de la photographie couleur. Sous nos yeux, elle revêt ainsi une matière qui prête à l’image une âme et un mouvement. Certes, les photographies de Gruyaert ont beau être statiques, elles ont potentiellement en elles les qualités d’une image-mouvement. L.C.-L.
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Harry Gruyaert, Sweden. Malmö. Cafeteria, 1982 (Détail)
© Harry Gruyaert / MagnumPhotos
Estefanía Peñafiel Loaiza — Le Crédac •••
« Benoît-Marie Moriceau — Estefanía Peñafiel Loaiza », Le Crédac, Centre d’art contemporain d’Ivry du 11 avril au 22 juin 2014.
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Chez Estefanía Peñafiel Loaiza, tout est question d’abandon, de disparition autant que de trace, d’un amoncellement des marques secrètes pour tisser le fil narratif d’une histoire qui s’efface. En investissant le Crédac, qui occupe l’ancienne manufacture des Œillets, l’artiste a souhaité mettre en lumière le passé de ce bâtiment ouvrier tout en imaginant la possibilité d’une persistance de sa présence, de son présent. À rebours, l’artiste fait émerger les formes lorsque celles-ci s’en sont allées. Non pas du vide, mais de l’oubli, d’un trop-plein d’images qui en auraient chassé les souvenirs. De ces strates, de ces reliques singulières, de ces recherches même sur la forme, Estefanía Peñafiel Loaiza installe et habite de sa radicalité un lieu qui se voit ici honoré avec grâce, tandis qu’elle continue d’écrire en transparence le manifeste d’une archéologie de la mémoire. G.B
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Estefanía Peñafiel Loaiza, Daylight Factory, 2014 (Détail)
© Guillaume Benoit / Slash-Paris
Karthik Pandian — Bétonsalon ••
« Karthik Pandian — Confessions », Bétonsalon - Centre d'art et de recherche du 9 avril au 7 juin 2014.
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Le centre d’art contemporain Bétonsalon présente actuellement la première exposition personnelle en France de Karthik Pandian, une exposition plus généreuse qu’il n’y paraît en premier lieu. Confessions intimes à décortiquer pas à pas avec, pour fil conducteur, un texte de l’artiste au sens volontiers énigmatique. On ne s’aperçoit pas immédiatement de l’attention portée à la lumière dans l’exposition, or elle la rythme certainement. Les baies vitrées, habituellement occultées, ont été dégagées. Tous les soirs, en un mystérieux rituel performatif, l’équipe retourne « sur le dos »
A Cherry Table with a Walnut Brain et ferme les lieux en laissant les lumières allumées, « laissant émaner l’horreur ». À l’entrée, une petite forme a été creusée dans le sol en ciment brossé du centre d’art. Une petite forme de chapeau à larges bords similaire à celle révélée par l’imagerie médicale à la surface du cerveau de l’artiste. On imagine le geste primaire, l’acte exutoire, l’attention précise portée enfin à la netteté de la découpe. Irruption violente, imprévue, de la peur profondément intime et pourtant universellement comprise du couperet d’un diagnostic à venir. M.C.
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Life after life, Life after life 1, 2014 (Détail)
© Steeve Beckouet
Bill Viola — Grand Palais
« Bill Viola », Les Galeries nationales du Grand Palais du 5 mars au 21 juillet 2014.
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Derrière les envolées spirituelles et la symbolique omniprésente, c’est à une expérience bien concrète que nous confronte Bill Viola, celle du temps présent, celui-là même qui est à l’œuvre dans le regard. Sous nos yeux, les images ne se succèdent pas, elles se forment, les couleurs s’emmêlent, se rencontrent et, des procédés à l’œuvre dans les vidéos de l’artiste émergent une pléiade de détails explosifs, motifs minuscules qui font se rencontrer matières, couleurs et formes. La contemplation et l’apparente lenteur cachent alors une infinité de révolutions. Une belle simplicité qui retourne les évidences ; l’artifice devient feu d’artifice. G.B.
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Bill Viola, Ascension, 2000 (Détail)
Courtesy of the artist & Bill Viola Studio, Long Beach, États-Unis
Robert Mapplethorpe — Grand Palais ••
« Robert Mapplethorpe », Les Galeries nationales du Grand Palais du 26 mars au 13 juillet 2014.
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S’il est relativement court, le parcours consacré à Robert Mapplethorpe au Grand Palais n’en est pas moins riche avec une concentration de près de 200 œuvres qui courent sur deux décennies d’une production qui porte en elle, dès ses débuts, la marque d’une quête, d’une recherche de l’émotion esthétique. D’un art radical à une image dominante, l’exposition dévoile l’ambiguïté constitutive de la démarche de Robert Mapplethorpe, creusant sans les sacraliser les sillons d’une œuvre aussi forte que déterminante de la représentation d’aujourd’hui. G.B.
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Robert Mapplethorpe, Lisa Lyon (Détail)
© Robert Mapplethorpe Foundation
Esther Ferrer — Mac/Val ••
« Esther Ferrer — Face B. Image / Autoportrait », MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne du 15 février au 13 juillet 2014.
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Avec cette très belle rétrospective intitulée
Face B. Image / Autoportrait, c’est une figure de l’art atypique et singulière qui se voit honorée par une institution française. Pionnière de l’art performatif et de l’implication de son propre corps comme sujet de ses œuvres, Esther Ferrer décline avec malice, dans cette exposition consacrée à ses « autoportraits », son visage à l’infini. Un monde ludique dans un espace temps, l’espace d’une vie. Dépouillée de toute fiction, cette multiplication de balises annule la linéarité du temps pour lui préférer une définition par soubresauts, par inspirations. Ce temps est proprement celui d’Esther Ferrer qui, à travers son art, ses gestes, sa pratique, offre le spectacle d’une véritable biographie universelle, d’une vie d’artiste, de la vie de l’art. G.B.
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Esther Ferrer, Vue de l’exposition « Face B. Image / Autoportrait », Mac/Val, 2014
© Slash-Paris
Des hommes des mondes — Collège des Bernardins ••
« Des hommes, des mondes », Collège des Bernardins du 7 mars au 15 juin 2014.
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La proposition était belle. Pour penser le monde dans son expression nomade et globalisée, il fallait donner à voir des « œuvres bagages », pensées en mouvement. Certes, certaines installations sont fixées sur roulettes et d’autres invitent au voyage, mais cela ne suffit pas à offrir une image forte, encore moins une idée, de ce qu’est devenu notre monde pluriel ou collectif. Mais de quel monde cette exposition parle-t-elle au juste ? Bien trop vaste et générale, celle-ci aborde aussi bien le post-colonialisme avec l’artiste Rina Banerjee, que les nouvelles migrations avec Chen Zhen ou encore des traces de civilisation à travers le beau travail de Jacques Villeglé. Tout cela au service d’une « création d’un imaginaire collectif mondialisé ». Si les œuvres sont convaincantes, la pensée conductrice de fond déçoit quant à elle. L.C.-L.
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Franck Scurti, Snake Skin Map III, 2010 Peau de python — 68 × 87 cm
Courtesy de l’artiste et de la galerie Michel Rein © DR