Céline Nieszawer à la galerie NextLevel
À l’origine, deux images. Une image de famille d’abord, exhumée d’archives personnelles, qui représente la photographe et sa sœur, l’une à côté de l’autre. Le choc est tel, l’émotion si forte qu’il y a là indubitablement matière à création. Ces impressions, doublées de la réminiscence de l’image iconique de Diane Arbus, Identical Twins confortent Céline Nieszawer dans l’idée qu’il faut creuser ce sillon très intime du lien sororal. De ces profonds enchevêtrements et souvenirs sinueux jaillit Doppelgänger, sérielle et systématique, montrant deux jeunes filles dont les visages sont inlassablement cachés. Par de longs cheveux qui obstruent le regard, ou tronqués, parfois, par le cadre choisi. Inquiétants signes qui semblent traduire sinon la manifestation d’un secret, au moins celle d’une force cachée. Les couleurs vives et acidulées et le traitement glacé s’apparentant explicitement à la photographie de mode n’y feront d’ailleurs rien. Car derrière ce filtre de gaieté, pointe une angoisse prête à sourdre. À cet égard, le tirage où les modèles habillées dans des tons analogues se frappent d’un même mouvement la tête contre une table d’écolier est assez intrigant.
Sont-elles prises d’un même élan de désespoir ? Réalisent-elles être prisonnières de leurs ressemblances et de leur trop grande proximité ? Impossible d’y répondre sans craindre la surinterprétation. Pourtant à la vision de l’image où elles se tiennent par la main, il est permis de penser que l’union n’est qu’illusoire et apparente. Le double, par essence, est menace, car jamais d’identité parfaite dans l’existence il n’est question.