Panorama 07/13
De la maison rouge à la Fondation Cartier en passant par le centre Pompidou, la rédaction pose un regard sans concession sur les expositions franciliennes du mois de juillet.
Les Frères Chapuisat à la JGM. Galerie •••
Sanctum Sanctorum à la JGM. Galerie impose le recueillement et une certaine forme de devoir de mémoire. En mêlant la tradition biblique et bouddhiste, les Frères Chapuisat s’inscrivent une nouvelle fois dans une veine mystique. Sacrée mais en même temps très profane, l’expérience dresse des liens complexes mais lisibles entre la mort, la disparition et l’art. — L.C.-L. « Sanctum Sanctorum », JGM. Galerie du 29 juin au 3 août Voir la critique complète
Enoc Perez à la galerie Nathalie Obadia ••
Face à ces images suspendues dans le temps, au caractère très photographiques (Enoc Perez se sert souvent de vieilles affiches ou d’anciennes cartes postales), le regard se perd dans des souvenirs qu’il voudrait avoir eus. Les coulures, bavures et l’aspect gommé ou effacé de certaines de ses toiles sont là pour nous aider à toucher une certaine intuition de ce que fut cette période révolue. Mais point de passéisme, il règne plutôt dans ce parcours une vision du rétro typographique et architectural à la fois juste et sensible. Une très émouvante réussite. — L.C.-L. « Enoc Perez — Paris mon amour », Galerie Nathalie Obadia du 18 mai au 27 juillet Voir la critique complète
La Distance juste à la galerie G.-P. & N. Vallois ••
Scénographiée par Albertine de Galbert, spécialiste de l’art contemporain d’Amérique latine, La Distance juste fait le pari de la tendresse, un thème d’autant plus risqué que peu d’artistes ont osé l’aborder frontalement sans plonger dans le pathos ou la condescendance. Face à ce double risque, la notion de « distance juste » apparaît ainsi aussi nécessaire au sein des œuvres que dans la manière de les aborder et le pari est largement relevé au sein de ce parcours sensible et jouissif qui invente sa propre pratique du plaisir. — G.B. « La distance juste », Galerie G-P & N Vallois du 24 juin au 27 juillet Voir la critique complète
My Joburg à la maison rouge •
Après l’exposition très réussie My Winnipeg, My Joburg succède à ce commissariat porté sur les villes dites « périphériques » instigué par la maison rouge. Une mise en lumière très documentée de la ville de Johannesburg mais une carence évidente d’œuvres. Un parcours en demie teinte donc, foisonnant et très documenté mais très peu artistique. — L.C.-L. « My Joburg », La maison rouge du 20 juin au 22 septembre Voir la critique complète
Lorna Simpson au Jeu de Paume •
Cette structuration de son travail souvent qualifié de « photo-texte » offre un regard double absolument vivant et passionnant où l’on plonge volontiers, se laissant happer par une image, belle en soi, complétée et soulignée par un sens littéral et explicite bienvenu. Pourtant, sur le long court, cette forme, aussi engageante qu’elle soit lasse un peu. Peut-être y a-t-il trop de couches conceptuelles traitées. L’identité, le genre, soit. Mais l’identité, le genre, la race, l’histoire et les classes sociales, sans doute est-ce là un programme trop ambitieux. Lorna Simpson a une vision, une signature visuelle forte, un discours intelligent, certes, mais l’excès de sujets abordés étouffe parfois son propos. — L.C.-L. « Lorna Simpson », Jeu de Paume, Concorde du 28 mai au 1 septembre Voir la critique complète
Philippe Cognée à l’école des Beaux-Arts de Paris ••
Si l’on ne peut que s’étonner de la promiscuité et de la brièveté de cette « première exposition » de Philippe Cognée dans une « institution parisienne », sa démonstration est éloquente. Philippe Cognée est un grand peintre qui n’a guère besoin que de quelques traits pour toucher sa cible. De la simple ébauche à l’œuvre définitive, son originalité et sa maîtrise s’imposent d’emblée et dessinent un univers graphique d’une force inouïe. — G.B. « Philippe Cognée — Dessins », École nationale des Beaux Arts de Paris — Cabinet des dessins du 22 mai au 19 juillet Voir la critique complète
Simon Hantaï au centre Pompidou •••
Il est des rétrospectives lumineuses et simples qui nous rendent l’œuvre d’un artiste limpide. Celle du centre Pompidou en fait clairement partie. Dans un parcours chronologique bienvenu, y sont ressuscités les gestes et les méthodes de cet Hongrois devenu français et disparu en 2008. — L.C.-L. « Simon Hantaï », Centre Georges Pompidou du 22 mai au 9 septembre Voir la critique complète
Une préface au Plateau •••
L’exposition collective Une préface au Plateau vient clore une quadrilogie d’expositions remarquables menées par le duo de commissaires Elodie Royer et Yoann Gourmel. Avec ce dernier volet c’est une véritable vision de l’art qui finit de s’affirmer et redonne au sentiment de la création toute sa force. — G.B « Une préface », Le Plateau, Fonds régional d’art contemporain du 5 juin au 28 juillet Voir la critique complète
Mike Kelley au centre Pompidou ••
Chez Mike Kelley, pas de conventions ni de compromis. Pour cette première rétrospective en France, c’est le versant transgressif qui l’emporte, du trivial au clinquant, de l’actionnisme viennois aux accents futuristes. Fabuleuse et impertinente, appel au rire anarchique, l’exposition opère une disjonction des réalités. L’irrévérence prend alors, dans ce chaos, toute son acuité. — P.B.-H. « Mike Kelley », Centre Georges Pompidou du 2 mai au 5 août Voir la critique complète
Lumière invisible à l’Institut du monde arabe •••
A l’Institut du monde arabe, écriture et sculpture se nourrissent et correspondent, impliquant moins une soumission à la calligraphie rituelle qu’une subversion secrète de celle-ci. De déconcertation sémantique en concertation musicale, le parcours suspend geste et souffle, tandis que, cryptogrammes du monde, objets auratiques, en quelque sorte, les dix-sept pièces s’abîment élégamment dans l’espace du pavillon. Comme une manière de fermer les yeux. — P.B.-H. « Yahya & Qotbi — Lumière Invisible », Institut du Monde Arabe du 10 avril au 7 juillet Voir la critique complète
Michelangelo Pistoletto au Louvre ••
En guise de contrepoint contemporain, trois départements du Louvre accueillent l’artiste contemporain italien Michelangelo Pistoletto dans un parcours éclaté, particulièrement réussi malgré quelques passages naïfs ou moins convaincants. Mais on retiendra surtout avoir été émerveillé et réjoui d’avoir pu voir à la fois tous ces reflets du monde, images qui impriment durablement la rétine et surtout de s’être vu soi-même regardant une œuvre, intriguant narcissisme induit par l’artiste. — L.C.-L. « Michelangelo Pistoletto — Année 1, le paradis sur terre », Le Louvre du 25 avril au 2 septembre Voir la critique complète
Ron Mueck à la Fondation Cartier •••
Après l’accueil triomphal que lui avait réservé le public en 2005 à la Fondation Cartier, l’Australien Ron Mueck revient avec quelques sculptures inédites. Entre réalisme et hyperréalisme, ses figures humaines exacerbent fatigue de vivre et bonheur simple, détresse profonde et satisfaction immédiate. Elles semblent en vie et prêtes à s’animer. — L.C.-L. « Ron Mueck », Fondation Cartier pour l’art contemporain du 16 avril au 27 octobre Voir la critique complète
[media#8786]