Panorama 06/13
Du musée du Louvre au Cpif de Pontault-Combault en passant par le centre Pompidou, la rédaction pose un regard sans concession sur les expositions franciliennes du mois de juin.
Lorna Simpson au Jeu de Paume •
Cette structuration de son travail souvent qualifié de « photo-texte » offre un regard double absolument vivant et passionnant où l’on plonge volontiers, se laissant happer par une image, belle en soi, complétée et soulignée par un sens littéral et explicite bienvenu. Pourtant, sur le long court, cette forme, aussi engageante qu’elle soit lasse un peu. Peut-être y a-t-il trop de couches conceptuelles traitées. L’identité, le genre, soit. Mais l’identité, le genre, la race, l’histoire et les classes sociales, sans doute est-ce là un programme trop ambitieux. Lorna Simpson a une vision, une signature visuelle forte, un discours intelligent, certes, mais l’excès de sujets abordés étouffe parfois son propos. — L.C.-L. « Lorna Simpson », Jeu de Paume, Concorde du 28 mai au 1 septembre Voir la critique complète
Philippe Cognée à l’école des Beaux-Arts de Paris ••
Si l’on ne peut que s’étonner de la promiscuité et de la brièveté de cette « première exposition » de Philippe Cognée dans une « institution parisienne », sa démonstration est éloquente. Philippe Cognée est un grand peintre qui n’a guère besoin que de quelques traits pour toucher sa cible. De la simple ébauche à l’œuvre définitive, son originalité et sa maîtrise s’imposent d’emblée et dessinent un univers graphique d’une force inouïe. — G.B. « Philippe Cognée — Dessins », École nationale des Beaux Arts de Paris — Cabinet des dessins du 22 mai au 19 juillet Voir la critique complète
Simon Hantaï au centre Pompidou •••
Il est des rétrospectives lumineuses et simples qui nous rendent l’œuvre d’un artiste limpide. Celle du centre Pompidou en fait clairement partie. Dans un parcours chronologique bienvenu, y sont ressuscités les gestes et les méthodes de cet Hongrois devenu français et disparu en 2008. — L.C.-L. « Simon Hantaï », Centre Georges Pompidou du 22 mai au 9 septembre Voir la critique complète
Une préface au Plateau •••
L’exposition collective Une préface au Plateau vient clore une quadrilogie d’expositions remarquables menées par le duo de commissaires Elodie Royer et Yoann Gourmel. Avec ce dernier volet c’est une véritable vision de l’art qui finit de s’affirmer et redonne au sentiment de la création toute sa force. — G.B « Une préface », Le Plateau, Fonds régional d’art contemporain du 5 juin au 28 juillet Voir la critique complète
Mike Kelley au centre Pompidou ••
Chez Mike Kelley, pas de conventions ni de compromis. Pour cette première rétrospective en France, c’est le versant transgressif qui l’emporte, du trivial au clinquant, de l’actionnisme viennois aux accents futuristes. Fabuleuse et impertinente, appel au rire anarchique, l’exposition opère une disjonction des réalités. L’irrévérence prend alors, dans ce chaos, toute son acuité. — P.B.-H. « Mike Kelley », Centre Georges Pompidou du 2 mai au 5 août Voir la critique complète
Lumière invisible à l’Institut du monde arabe •••
A l’Institut du monde arabe, écriture et sculpture se nourrissent et correspondent, impliquant moins une soumission à la calligraphie rituelle qu’une subversion secrète de celle-ci. De déconcertation sémantique en concertation musicale, le parcours suspend geste et souffle, tandis que, cryptogrammes du monde, objets auratiques, en quelque sorte, les dix-sept pièces s’abîment élégamment dans l’espace du pavillon. Comme une manière de fermer les yeux. — P.B.-H. « Yahya & Qotbi — Lumière Invisible », Institut du Monde Arabe du 10 avril au 7 juillet Voir la critique complète
Quel travail ?! au centre photographique d’Ile-de-France •••
Au long d’un parcours hétéroclite maniant avec virtuosité les dimensions réflexives abordées par les œuvres présentées, Quel Travail ?! réussit le tour de force de faire émerger de la création plastique des voies de questionnement inédites quant au rapport de l’homme au travail. Probablement parce que, d’emblée, l’exposition prend le parti de soumettre ces mêmes artistes à leur propre pratique, leur propre travail, et d’orchestrer ce jeu de miroirs fondamental d’un thème qui se voit dédoublé par la forme même qu’on choisit pour le traiter. Notion plastique, le « travail » déploie ici toute sa complexité et dépasse les attendus d’une simple confrontation ou contestation. — G.B. « Quel travail ?! — Manières de faire, manières de voir », CPIF, Centre photographique d’Ile-de-France du 14 avril au 30 juin Voir la critique complète
Michelangelo Pistoletto au Louvre ••
En guise de contrepoint contemporain, trois départements du Louvre accueillent l’artiste contemporain italien Michelangelo Pistoletto dans un parcours éclaté, particulièrement réussi malgré quelques passages naïfs ou moins convaincants. Mais on retiendra surtout avoir été émerveillé et réjoui d’avoir pu voir à la fois tous ces reflets du monde, images qui impriment durablement la rétine et surtout de s’être vu soi-même regardant une œuvre, intriguant narcissisme induit par l’artiste. — L.C.-L. « Michelangelo Pistoletto — Année 1, le paradis sur terre », Le Louvre du 25 avril au 2 septembre Voir la critique complète
Ron Mueck à la Fondation Cartier •••
Après l’accueil triomphal que lui avait réservé le public en 2005 à la Fondation Cartier, l’Australien Ron Mueck revient avec quelques sculptures inédites. Entre réalisme et hyperréalisme, ses figures humaines exacerbent fatigue de vivre et bonheur simple, détresse profonde et satisfaction immédiate. Elles semblent en vie et prêtes à s’animer. — L.C.-L. « Ron Mueck », Fondation Cartier pour l’art contemporain du 16 avril au 29 septembre Voir la critique complète
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